Solstice
Au milieu de l'hiver
et de la nuit du monde,
dans le froid et la solitude,
Je suis
Je suis
de tous les départs
de toutes les errances
L'adolescent
Il marchait, il marchait sans relâche.
Savait-il seulement où il allait ? Confusément en lui se dévoilait un chemin, et quelque chose le pressait d’avancer, sans délai.
Pierre et eau
L'eau a taillé la pierre
patiemment
d'effort en effort
longuement
L'arbre
Sous la ramure de l'arbre
dans la résonance du vert et du jaune
Ici
ici
au lieu de profond silence
pointe immobile incandescente
Absence
La tente est vide
où Tu parlas
jadis
Aujourd'hui
Aujourd'hui j'ai vu :
– un écureuil,
– un chien à trois pattes,
– un extra-terrestre.
Conscience
Ouvrir en soi
au dedans du dedans
au plus profond
les portes longtemps rivées
Chercher
Chercher c'est choisir
choisir c'est renoncer
renoncer pour trouver
trouver pour être
enfin
Chant
Dans le chant obscur
qui sourd du coeur
je veux reconnaître
Prière
El Shaddaï
Dieu des sommets
surmontant nuages
abreuvant sources
et vies
Éloignée
Éloignée déjà de nous,
Mais dense peut-être comme un vol porté plus haut,
Mais dans la vérité du monde qui enchaîne ou libère,
Après l'orage
Parfois tu découvres l'infini
sous la palpitation des feuilles
Écoute
Écoute,
sois attentif,
car nous avons cessé les bavardages.
Au désert
Voix haute
entravée de pierrailles
aux sources même du coeur
Crépuscule
La cloche éraillée
dans le crépuscule grince
Aucune vague pourtant
Errance
J'ai erré dans le délire exténuant
sans trouver dans les pierres du pélerinage
l'aliment d'une nouvelle force
Tu te lèveras
S'il t'arrive de te rencontrer
De déceler en toi un abîme profond
Ce qu'on dit au poète
Avec tes comètes dérisoires
Avec ton cerveau liquide
comme la mort
Immense
Il m'était donner de pénétrer simultanément la source et le golfe, la graine et le pistil. Des organes de transparent regard et de vision pure réinvestissaient mes chairs.
À Gérald Neveu, poète
Rencontre
dans l'arrachement de ma nuit
Les liquides de cristal
descendent au profond de moi
Hiver
Tu nais du murmure de l'hiver
alourdi dans mes jours
répandu par mon sang de craie épaisse